Plan social chez TUI : Se battre pour un accompagnement digne abonné

Le voyagiste TUI prépare un PSE de grande ampleur, le onzième en vingt ans. La CFDT et les autres organisations syndicales dénoncent depuis des années un manque de vision stratégique du groupe et réclament aujourd’hui des conditions d’accompagnement à la hauteur.

Par Marie-Nadine Eltchaninoff— Publié le 23/07/2020 à 06h45

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Chasubles orange, sifflets, mégaphones et masques. Le 7 juillet, les salariés de TUI France se sont rassemblés devant le siège social du voyagiste à Levallois-Perret, en région parisienne, pour protester contre le plan de sauvegarde de l’emploi qui prévoit 600 départs volontaires ou contraints, soit près de 60 % de l’effectif de l’entreprise. L’annonce du PSE a été assénée sans ménagement le 17 juin par visioconférence. « J’étais chez moi, en chômage partiel, témoigne Christelle, assistante qualité. Nos managers nous avaient invités à nous connecter à 14 heures. En 45 minutes de réunion et quelques slides, 583 postes étaient balayés. J’ai appris la disparition de mon service. Sur les quatorze postes existants, seulement trois sont sauvés. Nous avons été invités à nous connecter une deuxième fois le jour même à 16 heures pour entendre le DG de TUI France, Hans van de Velde, nous expliquer depuis Marrakech [où TUI a ouvert des bureaux] que l’entreprise est déficitaire et que les suppressions de postes étaient inévitables. »

Salariés traités par le mépris

Tous dénoncent la brutalité de l’annonce. « Je l’ai ressentie comme une forme de mépris, ajoute une de ses collègues. Nous avons tous apporté notre pierre à l’édifice, nous ne méritons pas d’être traités ainsi. » Quelques jours plus tard, c’était aux salariés de l’agence lyonnaise de TUI de se mobiliser. « L’agence lyonnaise commercialise la gamme Passion des îles, qui doit être supprimée du catalogue, explique Marie-Hélène Loupec-Larade, déléguée syndicale. Les 80 salariés de l’agence, à deux ou trois reclassements près, vont perdre leur emploi. »

Au fond, les salariés de TUI ne s’étonnent pas vraiment de la décision de la direction : la crise sanitaire, qui a certes mis à genoux le secteur du tourisme, est le prétexte tout trouvé pour enclencher un plan prévu depuis longtemps. Chez TUI, les plans de licenciement se succèdent depuis une vingtaine d’années : « À la moindre difficulté, le groupe agit par réflexe pavlovien en réduisant la masse salariale », note David, militant CFDT, qui pointe des choix stratégiques inadaptés. Le groupe, en situation de monopole en Allemagne, s’est implanté en France en rachetant les entreprises Nouvelles Frontières, Lookéa, Marmara et Passion des îles. « Ils ont voulu diluer les marques et tout miser sur des produits de tourisme de masse alors que la culture française du tourisme est plutôt tournée vers le sur-mesure et la qualité », souligne-t-il, désabusé. Le groupe a par ailleurs raté la marche des nouvelles technologies, pourtant…

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