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Quelle pêche durable en mer face au changement climatique ?

Publié le 29/03/2021 (mis à jour le 26/07/2021)

Les groupes CFDT et Organisations étudiantes et mouvements de jeunesse ont voté l'avis et ont présenté le sens de leur vote à travers une déclaration commune.

Les océans, qui ont toujours joué un rôle de « climatiseur naturel », ont absorbé nos
émissions de gaz à effet de serre. Les substances polluantes s’y sont propagées. Le changement
climatique est la résultante d’un ensemble d’activités humaines dont les effets sacrifient les écosystèmes.
Nous atteignons un point de rupture. Un point où les océans pourraient eux-aussi commencer à émettre
du CO2. Réagissons.


Car si le milieu marin est un réceptacle des effets des activités continentales, l’espèce
humaine doit se nourrir quoi qu’il advienne et la pêche, en tant qu’activité nourricière, devra s’adapter en
répondant à la nécessité de la transition écologique. Bien sûr, chacun devant « faire sa part », la pêche
doit répondre, elle aussi, à la nécessité de réaliser sa Transition Énergétique et réduisant au maximum ses
émissions de Gaz à Effet de Serre. Rappelons que le CO2 est en partie responsable de la désoxygénation
des océans qui impacte la reproduction et la croissance des espèces de poissons, parce que comme le dit
l’avis « ces animaux doivent utiliser l’essentiel de leur énergie à chercher à survivre », une survie qui n’est
même pas permise aux coraux et au plancton du fait de l’acidification des étendues marines alors que ces
écosystèmes sont indispensables au développement des espèces marines.


La pêche doit donc également participer à préserver les ressources halieutiques et la
biodiversité, puisque ces ressources sont vitales à son activité. Les 50 milliards du plan de relance prévus
pour la pêche, la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022 et le FEAMP
2021-2027 sont autant de leviers qui doivent être activés pour amorcer la transition impérative de la
pêche française vers un modèle décarboné et durable, un modèle protecteur des écosystèmes, de
l’intérêt des pêcheurs autant que des ressources halieutiques.


A cet égard, nous rejoignons l’avis sur le fait que la nouvelle maquette du FEAMP 2021-
2027 doit permettre d’augmenter le soutien accordé aux engins de pêche sélectifs et à faible impact sur
les écosystèmes et espèces protégées.


Les préconisations soulignent les enjeux majeurs de l’information sur les ressources, la
formation des marins, la gouvernance à partager en impliquant tous les acteurs à chacun des échelons
territoriaux.


Il importe en effet d’améliorer le dialogue entre les pêcheurs, leurs organisations
syndicales, les scientifiques, les associations de protection de la nature afin de trouver les voies de
l’intérêt général compatible avec les intérêts collectifs des pêcheurs. Les échanges, parfois vifs, pour
élaborer cet avis en illustrent la difficulté mais aussi la capacité à construire un consensus utile au débat
public.

La question de l’exonération de la taxe sur les produits énergétiques est emblématique
des contradictions issues d’une histoire et d’un modèle économique qui n’est plus viable, a fortiori quand,
du fait de la dégradation du milieu marin, les zones de pêches sont de plus en plus éloignées. L’équilibre
économique de l’activité de la pêche ne peut plus reposer sur la consommation d’énergies fossiles, mais
bien sur un soutien à l’activité et à la transition énergétique.


Cet avis rappelle également l’importance d’assurer le renouvellement des générations,
notamment en favorisant l’installation de jeunes, en allouant une part des quotas aux pêcheurs
indépendants pratiquant une pêche vertueuse et sélective, définie par un cahier des charges officiel
européen co-construit.

Nos groupes partagent la volonté que l’Union européenne, notamment à l’occasion de la
présidence française, impulse un élargissement de la démarche du rendement maximal durable, en
systématisant son utilisation pour une plus large variété d’espèces, en rendant écosystémique la gestion
des stocks par flottille afin que cela devienne l’échelle de mesure des enjeux entourant la pêche durable.